
Rejoignez le collectif des entreprises unies
pour une Europe leader en Numérique
Nous recommandons que les marchés publics européens du Numérique soient réservés, pour au moins 50%, aux entreprises européennes, 25% à des PME européennes.
Pour une Europe forte en Numérique, la France en tête !
La crise sanitaire a mis au grand jour, parfois de manière dramatique, les risques liés à une dépendance trop forte vis-à-vis d?autres nations. Au-delà des masques, des ventilateurs et de la production de médicaments, d?autres secteurs sensibles invitent à une prise de conscience.
Le numérique est clairement la nouvelle pierre angulaire de nos vies professionnelles et personnelles. Or notre dépendance numérique est massive. Nous exportons nos données et importons logiciels, systèmes et services. Ce déficit de la balance numérique crée de nouveaux risques. Certains sont mal connus, comme l?assujettissement de nos données au système juridique américain du Cloud Act. Ainsi que se passerait-il si survenait l?équivalent d?un coronavirus numérique, bloquant les flux numériques avec les Etats-Unis ? De nombreuses fonctions vitales du pays seraient en danger.
N?attendons pas une crise pour équilibrer notre stratégie, pour profiter de nos atouts en matière d?innovation et prendre le leadership numérique en Europe.
Le 9 avril, un collectif de 200 entrepreneurs, pionniers et décideurs du numérique français ont interpellé le gouvernement sur la priorité à donner à la souveraineté et à la confiance numérique, pour accompagner les efforts de transformation digitale et d'industrialisation 4.0.
L?économie numérique est un secteur économique qui se développe depuis 25 ans (oui l?ouverture du web aux usages commerciaux fêtera bientôt un quart de siècle).
Le secteur pèse en France en 2020, près de 200 milliards d?euros. A côté de l?e-commerce, qui représente plus de la moitié des transactions, le marché des investissements numériques (logiciels, matériels et services) est de l?ordre de 70 milliards d?euros annuels.
Malheureusement aujourd?hui seuls 15% des investissements sont destinés aux acteurs français du numérique. Et ce sont les acteurs non-européens, à hauteur de 75%, qui ont la part du lion.
Même au sein de l?Etat, le marché Govtech (achats publics destinés au numérique) qui pèse 16 milliards d?euros, bénéficie prioritairement aux acteurs non-européens. Cela entrave la croissance de notre industrie numérique, qui ne pèse que 6% du PIB contre 10% en Grande Bretagne, et expose nos données sensibles à des puissances plus déterminées que l?Europe.
En 2020 cette situation ne se justifie plus.
Il existe des solutions alternatives européennes et souvent françaises, à tous ces services américains. Nous disposons aujourd?hui d?hébergeurs, de navigateurs, de serveurs de courriels, de moteurs de recherche, de solutions de collaboration, de systèmes de transferts de fichiers, de solutions de cybersécurité et même de systèmes d?exploitation? Nous appelons donc à un sursaut stratégique salutaire !
Faisons de cette crise une opportunité de reconstruction : bâtissons notre souveraineté numérique et plaçons la France à l?avant-garde de l?Europe grâce à son industrie numérique. Particulièrement sur les sujets régaliens tels que la santé, l?administration, la sécurité, l?éducation.
Suite à l?appel de notre collectif et à la mobilisation de multiples organisations et personnalités ces 2 derniers mois, l?APHP renonçait à choisir la société américaine Palantir pour traiter des données sensibles dans le cadre de la crise sanitaire, le gouvernement refusait de se reposer sur les offres d'Apple et Google pour soutenir l'application StopCovid et persistait dans la loi de taxation des Big Tech, un consortium de 22 entreprises françaises et allemandes lançaient GAIA-X, le grand projet de Cloud Européen et le commissaire européen au marché intérieur appelait à un grand plan reposant en partie sur la création d'un leadership numérique européen. C?est un bon signal, mais l?enjeu est bien plus vaste comme nous avons pu le voir avec les débats autour du Health Data Hub et l'hébergement des données sensibles sous des juridictions non-européennes.
En responsabilité, nous demandons un changement de cap sur les approvisionnements numériques, la cybersécurité et la confiance numérique. En France l?Etat, les collectivités et plus largement le secteur public doivent donner l?exemple. Sans oublier les grandes entreprises vitales au fonctionnement de la nation. C'est le moment d'endiguer ensemble la dépendance économique qui s'est développée sur ces 20 dernières années. La Chine exécute son plan visant à réduire à moins de 20% d?ici 2022 sa dépendance numérique. L?Europe et la France doivent faire de même.
Trois orientations immédiates recommandées :
- Fixation du cap par l?Etat, avec un objectif immédiat : pas plus de 50% d?outils numériques d'acteurs extra-européens pour limiter notre dépendance dans le secteur public, dont 25% investis auprès de PME européennes.
- Mise en place de dispositifs opérationnels conformes à ce cap : mécanismes incitatifs en faveur du développement et de l?adoption de solutions numériques souveraines.
- Création d?un index des entreprises françaises et européennes offrant des solutions souveraines face aux besoins et usages essentiels du numérique.
Cette démarche salvatrice pour l'Europe valorisera nos atouts en matière d?innovation.
L?objectif proposé réduira notre dépendance numérique et injectera en 3 ans plus de 50 milliards d?euros de chiffre d?affaires dans l?économie. Notre industrie numérique rayonnera en Europe et dans le monde auprès des nombreux états qui cherchent une alternative de confiance à la compétition Chine-USA. En Europe, le leadership numérique de la France est à portée de tir. L?ambition est réaliste, compte tenu de nos atouts.
La tribune originale a été publiée par Alain Garnier (Jamespot), Pascal Gayat (Les Cas d'OR), Raphael Richard (Néodia), Matthieu Hug (Tilkal), Antoine Duboscq (Wimi) et soutenue par 275 signataires le 09 avril 2020. Nous avons été rejoints début septembre par Luc Bretones et son initiative du
Club IT50+ dont l'objet est d'engager les dirigeants des Grandes Entreprises à se fournir auprès des acteurs européens du Numérique pour au moins 50% de leurs investissements dans leurs nouveaux projets. A date 600 signataires composent le Collectif, la profession numérique est mobilisée !